Neuf ans après le sanglant conflit armé de Kamuina Nsapu, une vérité révoltante demeure : les enfants qui ont perdu leurs parents dans cette tragédie sont laissés pour compte, livrés à eux-mêmes par un État absent et des institutions silencieuses.Ces orphelins, privés de tout soutien et condamnés à survivre dans une indifférence glaçante, incarnent la profonde injustice d’une société qui a tourné le dos à ses victimes les plus vulnérables.Yemba Mado, 17 ans, est l’une d’elles.
Aujourd’hui hébergée par la petite sœur de sa défunte mère à Kananga, elle incarne la résilience face à l’abandon. Son histoire, tragique mais édifiante, illustre une jeunesse sacrifiée.« Chaque jour est un combat », confie-t-elle, le regard durci par les épreuves. « Je refuse d’abandonner. Je veux honorer la mémoire de mes parents en réussissant dans la vie. »Diplômée d’État grâce à un petit commerce de bananes qu’elle a monté seule, Yemba est l’exemple vivant d’une détermination arrachée au désespoir. Mais doit-on se contenter de célébrer son courage ? Où sont les structures censées la protéger et l’accompagner ?Angela Ntumba, de l’ONG Action pour la Promotion et la Protection du Bien-être Social (APPES), s’insurge contre cette situation. « C’est un scandale. Ces enfants sont les victimes d’un conflit qu’ils n’ont pas choisi. Ils méritent plus qu’une simple compassion.
Le gouvernement congolais doit agir immédiatement pour leur offrir un avenir digne. »Ses mots résonnent comme un cri de colère face à l’inertie des autorités. Où sont les politiques publiques promises pour réhabiliter ces vies brisées ? Où sont les projets d’encadrement pour ces jeunes marqués à jamais par la violence ?Entre 2016 et 2017, le Kasaï Central a été dévasté par une guerre meurtrière entre les miliciens du chef coutumier Kamuina Nsapu et les forces armées congolaises.
Ce conflit a laissé dans son sillage des milliers d’orphelins. Et pourtant, près d’une décennie plus tard, ces enfants sont encore des fantômes dans les priorités nationales.
Pendant que les responsables détournent le regard, ces jeunes continuent de porter le poids d’un passé atroce. Combien d’autres Yemba devront-ils se battre seuls avant qu’une vraie réponse ne soit apportée ?Le temps n’est plus à l’attente. Il est à la révolte.
Le sort de ces orphelins est une tache indélébile sur la conscience de la nation. Il est urgent que le gouvernement congolais et la communauté internationale se lèvent pour offrir à ces enfants un avenir qu’ils méritent depuis trop longtemps.
Erick Djouma