
C’est avec une profonde tristesse que j’ai appris la mort tragique de l’agent de circulation routière, victime d’une agression barbare orchestrée par un officier de police. En cette douloureuse circonstance, je tiens à présenter mes sincères condoléances à sa famille ainsi qu’à l’ensemble du corps de la Police nationale congolaise. La perte d’un agent dans l’exercice de ses fonctions est un drame inacceptable qui doit interpeller tous les responsables sécuritaires.
Cependant, face à l’émotion légitime suscitée par ce drame, il est essentiel de garder un regard lucide sur les faits et d’éviter toute récupération visant à établir des responsabilités inexistantes.
Une responsabilité individuelle et non institutionnelle
Le policier incriminé, bien qu’affecté à la garde de la Première ministre, a agi de son propre chef. Il est le seul responsable de ses actes et devra répondre devant la justice militaire. Son affectation auprès d’une autorité ne lui confère aucun droit de commettre des abus, et encore moins d’exécuter un collègue policier dans de telles conditions.
Une responsabilité politique de la Première ministre ?
Il est compréhensible que certains cherchent à établir une responsabilité politique en raison du lien hiérarchique indirect entre le policier et la Première ministre. Toutefois, ce raisonnement ne tient que si :- Elle avait donné des instructions ayant conduit à cet acte.- Elle avait connaissance de cette expédition punitive et ne l’avait pas empêchée.- Elle avait tenté d’étouffer l’affaire.À ce stade, rien ne prouve une telle implication. Son communiqué exprimant son indignation et annonçant l’ouverture d’une enquête judiciaire est la réaction attendue d’un chef de gouvernement responsable.
Comparer ce cas à celui de Dolly Makambo est une manipulation
Certains détracteurs tentent d’établir un parallèle entre cette affaire et celle ayant conduit à la condamnation de l’ancien ministre provincial Dolly Makambo. Cette comparaison est fallacieuse. Dans le cas Makambo, le tribunal avait établi un lien direct entre l’ordre donné par le ministre et la présence du policier à Vijana, présence ayant conduit à l’exécution de l’infirmier. Pourtant, le bulletin de service du policier n’indiquait pas une telle mission. D’où la conclusion à l’époque de l’auditorat qu’il y avait eu acte ayant poussé un élément de la police à perpétrer des actes négatifs. Or, rien ne prouve ici que la Première ministre ait donné un ordre au major impliqué. Comparer ces deux situations relève d’une volonté de manipulation et non d’une recherche objective de la vérité.
Un besoin urgent de discipline au sein des forces de sécurité
Cet événement dramatique met en lumière un problème plus large : la discipline et le contrôle des forces de sécurité, notamment celles affectées aux hautes autorités. Il est impératif que des mesures soient prises pour éviter que des agents censés protéger les institutions ne se transforment en bourreaux de leurs propres collègues.
L’émotion ne doit pas nous faire perdre de vue les principes fondamentaux de justice et de responsabilité. La mort de cet agent de circulation est une tragédie qui doit être sanctionnée avec la plus grande fermeté, mais elle ne saurait être exploitée pour servir des agendas politiques. Que justice soit faite, mais sans amalgame ni manipulation.
Ambassadeur Jean Thierry Monsenepwo**