
Par DANNY N. YAMBUSHI
C’est d’Hugo. Non, pas d’Hugo Boss, l’habilleur mais bel et bien de Victor Hugo l’auteur, que l’on doit la Cour des miracles décrite dans Notre Dame de Paris. Lieu insolite où la folie est de bonne humeur et où le plus fou est élu Pape.
Les Cours des Puissants au Congo-Kinshasa peuvent être décrites comme étant des véritables Cours des miracles où les fous du Roi sont bien remerciés. Embastillant dans une Tour d’Ivoire, elles constituent un monde à part qui déconnectent peu-à-peu ces puissants des réalités du commun des mortels.
Dans une Afrique des hommes forts, au Congo de Lumumba-Kasa Vubu l’on scrute deux hommes forts dans leurs Tours : le Barbu taciturne de Kingakati et le Roi Soleil de la Cité de l’Union Africaine, adoré à Limete.
Dans ce décor polarisé, bien de fous de leurs cours ‘’royales‘’ respectives ont agrandi le fossé des discordes et la tension qui va avec depuis 2019, année de l’alternance au sommet de l’Etat. Résultats des courses en 2025: les démons d’avant l’Accord de Sun City ont été invoqués.
Si hier on parlait de la rupture de la coalition FCC-CACH, aujourd’hui l’on observe la lente agonie de l’intégrité territoriale et la réelle souveraineté de l’Etat by Kinshasa avec la dangereuse installation d’un tableau apocalyptique d’un mano-a-mano Tshisekedi à l’Ouest, Kabila à l’Est sous zone occupée par les rebels de l’AFC/M23 soutenu par Kigali. Ce, dans un pays menacé dès sa naissance de balkanisation.ça part dans tous les sens.
Les langues, plumes et cerveaux distribuent raison et tort, dressent des perspectives heureuses ou malheureuses au gré des humeurs, de la faim d’assouvir vengeance ou besoins alimentaires ou encore guidés par patriotisme encore qu’ici la définition de cette notion est sujette à problème. Car, à tout dire, sa définition est à géométrie variable bien souvent. C’est selon parfois la langue maternelle d’un tel, l’ethnie de l’autre, la zone géographique où se trouve le sujet pensant.
De fait, un brouhaha métaphysique puisque intellectuel et moral gît dans les esprits en RDC établissant une véritable jungle sémantique à faire perdre la raison au plus sensé des hommes mais pas aux fous des Rois. Crisophages, eux, s’en nourrissent, chacun croyant en la bonne fortune de l’étoile de son Gourou. D’ailleurs, les dieux et les Bazungu sont à la manœuvre, dit-on.
Alors que les cloches des prélats de l’Eglise Universelle résonnent appelant à une messe pour exorciser les démons ressuscités, dans les Cours de la Kabilie et de la Fatshiphère, c’est les voix des Fous des Rois qui, soit ivres du Lait du Pouvoir en espérant s’abreuver ad vitam aeternam ou de l’odeur des balles en rêvant de l’Est à la conquête de l’impérium à l’Ouest, qui livrent là un autre ‘’ son de cloche ‘’ enrobé dans le miel des louanges.
Cependant, il faut noter que c’est le Président Félix-Antoine Tshisekedi et l’ancien Président Joseph Kabila les débiteurs face à l’Histoire et au-delà chaque congolais quel que soit son rang. Kinshasa n’étant ni Brazzaville ni Luanda. Félix Tshisekedi n’est pas Lissouba pas plus que Kabila n’est Dos Santos. Murés dans leurs tours d’Ivoire, chacun est libre de ses choix, libre d’écouter sa Cour mais devant l’Histoire chacun paiera cash seul.
L’Ouragan dont parlait l’Aigle de Kawele arrive à coup sûr constitutionnellement en 2028, de maintenant à là seul Dieu maitrise l’avenir. Néanmoins, aucun gestionnaire de l’Etat d’hier ou d’aujourd’hui ne doit oublier à qui appartient le Pouvoir sur la ligne absolue du temps. Il appartient au Peuple, ce peuple qui observe et qui n’est pas dans leurs cours à manger et danser. La faim du Peuple a toujours sonné le glas de ceux qui, de tout temps, ont eu à penser être maîtres de sa destinée. Rideaux.